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L’IPI tire la sonnette d’alarme : la pénurie importante d’agents immobiliers-syndics pourrait devenir problématique pour plus de 90.000 copropriétés

Jeudi 29 septembre 2022

Bien que les syndics soient indispensables pour la gestion des copropriétés, le métier suscite très peu de vocations. Le nombre d’agents immobiliers agréés (courtiers-syndics-régisseurs) a beau augmenter d’année en année, seuls 4 % d'entre eux dans les dernières années se destinent au métier de syndic de copropriété. Au vu des éléments précités, l’Institut Professionnel des Agents Immobiliers (IPI) a réalisé une enquête de grande envergure auprès de 1.872 professionnels. Cette enquête d’une ampleur sans précédent nous apprend qu’environ trois quarts de l’ensemble des syndics (72 %) sont quotidiennement confrontés à des problématiques et des attentes au sein des copropriétés ne relevant pas de leurs compétences.

En 2021, la Belgique comptait plus de 90.000 copropriétés, soit l'équivalent de près d'un tiers du parc résidentiel. La loi belge stipule que ces dernières doivent obligatoirement être gérées par un syndic, lequel est responsable de la bonne exécution de la mission qui lui est confiée par la copropriété.

Ces trois dernières années, l'IPI n'a inscrit que 155 nouveaux membres sur le tableau des titulaires syndics. Afin d'obtenir leur agréation en tant que titulaire, ils ont au préalable dû effectuer un stage de 1.500 heures en qualité d’agent immobilier-syndic ainsi que réussir un test d'aptitude pratique (un examen écrit et oral), le parcours de stage et l'accès à la profession étant contrôlés par l’Institut Professionnel des Agents Immobiliers (IPI).  Si la courbe des nouveaux agents immobiliers-syndics peine à croître, celle des omissions (soit les membres qui ne souhaitent plus exercer le métier) lui est en revanche largement supérieure, la part des nouveaux inscrits ne contrebalançant pas la part des départs. 

« En Belgique, le nombre de copropriétés ne cesse d’augmenter. Afin de garantir une gestion correcte du parc de copropriétés, le nombre d’agents immobiliers-syndics devrait suivre la même courbe ascendante. Or, force est de constater que la profession peine à séduire, si bien qu’il n’est pas impossible qu’un jour, certains copropriétaires ne trouvent plus d’agent immobilier-syndic pour gérer leur copropriété », constate Sandrine Galet, deuxième vice-présidente de l’IPI et également agent immobilier-syndic à titre principal.

Le métier d’agent immobilier-syndic est un métier en pénurie

Au 30 juin 2022, l'IPI dénombrait 497 agents immobiliers inscrits uniquement dans la colonne « syndic », ces derniers ne pouvant donc exercer que des activités de syndic. Ce chiffre inquiétant témoigne de la profonde pénurie dont souffre la profession. En outre, l'on relève également que 2.808 agents immobiliers sont inscrits en tant que courtiers et syndics, ce qui implique qu'ils sont autorisés à pratiquer les deux activités, bien qu'ils n'exercent pas forcément les deux métiers. 

Seuls 4 % des agents immobiliers exercent exclusivement le métier de syndic, un faible pourcentage qui trouve également son origine au niveau des inscriptions des nouveaux stagiaires. Ainsi, au cours des trois dernières années, l'on note que l'IPI n'a inscrit que 154 nouveaux stagiaires sur la colonne des syndics uniquement, ce qui représente moins de 6 % du total des nouveaux stagiaires. 

Force est de constater que le métier d’agent immobilier-courtier s'avère être nettement plus attrayant et populaire que celui d’agent immobilier-syndic. Parfaitement conscient de ce problème, l’IPI a organisé au mois d'avril une enquête à grande échelle afin de déterminer les points problématiques et d’entreprendre les actions qui s’imposent en faveur de la profession. 

L'IPI a chargé l’UCL de rédiger, mener et analyser cette enquête, laquelle a été complétée par 1.872 professionnels. Ce large panel comprend 37 % d’agents immobiliers-syndics, 21 % d’employés au service d’un agent immobilier-syndic et 18 % d’étudiants. L'enquête était également ouverte aux stagiaires, aux agents immobiliers-courtiers et aux agents immobiliers-régisseurs (certains d'entre eux ayant choisi d'arrêter d'exercer le métier de syndic).

Les copropriétaires ont des attentes inadaptées

Selon l’enquête de l’IPI, 3 professionnels sur 4 estiment que le rôle de l'agent immobilier-syndic est méconnu du grand public. 

72 % des personnes interrogées déclarent être confrontées quotidiennement à des problèmes privés au sein des copropriétaires qui ne relèvent pas des compétences d’un agent immobilier-syndic. Ainsi, les copropriétaires estiment à tort que la médiation en cas de conflits ou les problèmes d’ordre privatif font partie des attributions de l’agent immobilier-syndic. 

Pourtant, les missions du syndic sont fixées par la loi et ne comprennent que la gestion technique, administrative et financière des parties communes.

Charge de travail élevée et équilibre vie professionnelle/privée perturbé

Les assemblées générales ont souvent lieu en soirée, ce qui, ajouté à une charge de travail de plus en plus lourde, amène 60 % des syndics et leurs employés à estimer que leur métier est trop exigeant point de vue temps et énergie, ce qui impacte donc négativement leur vie personnelle.

« Un grand nombre de syndics reconnaissent que leur vie privée souffre de la charge de travail élevée et des horaires tardifs. Cette situation génère un stress accru qui peut conduire pour certains à un épuisement physique voire émotionnel. Même s’ils considèrent que leur travail a du sens, le déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée pousse de plus en plus de confrères syndics à envisager la cessation de leurs activités, il est donc primordial d’agir ! Au vu des résultats de l'enquête, nous recommandons donc aux membres d'essayer au maximum d'organiser les assemblées générales pendant les heures de bureau, soit en journée. », explique Sandrine Galet.

Une meilleure prise de conscience grâce à la campagne d’information

Selon les agents immobiliers-syndics interrogés dans le cadre de l’enquête, une des solutions envisagées passerait par une meilleure communication envers le public quant à leurs rôles et compétences.

A ce sujet, l’IPI lancera donc l'année prochaine une campagne de sensibilisation ayant pour objectif d’informer le grand public sur le contenu des tâches d’un agent immobilier-syndic ainsi que de promouvoir la profession auprès de ses propres membres. 

« Il y a une pénurie importante d’agents immobiliers gérants de copropriété. L’enquête réalisée par l’IPI permet d’en objectiver les raisons. L’IPI veut contribuer à rendre la profession plus attractive. L’organisation d’assemblées générales en journée et le recours aux techniques digitales apportent des solutions évidentes. La campagne d’information qui sera lancée permettra de clarifier auprès du grand public ce qui peut être attendu d’un syndic en termes de prestations et de rémunérations. Il est nécessaire de susciter les vocations en mettant en lumière ce métier essentiel au bon fonctionnement de notre société ainsi qu’en améliorant la formation pendant et après le stage professionnel », déclare le Ministre des Classes moyennes et des Indépendants David Clarinval.

« Nous espérons vivement que cette campagne menée autour du métier d'agent immobilier-syndic débouchera d'une part sur une meilleure compréhension de ce dernier, d'autre part sur une hausse des vocations afin de pouvoir garantir la pérennité de la gestion des copropriétés », conclut Sandrine Galet.